J’aimerais prendre un instant pour te raconter comment est né Kalúze, d’où m’est venue cette passion pour les instruments ethniques, ce goût pour la musique intuitive développé au fil d’un voyage au long cours, qui m'a mené petit à petit vers la découverte de cet instrument qu’est la flûte native amérindienne, appelée également Siyotanka.
En novembre 2018, au terme d’un parcours universitaire en droit, j’ai ressenti un profond besoin de me reconnecter à mon essence, de prendre et me donner le temps de m’interroger sur les choix et non choix de vie réalisés jusqu’alors. Je sentais le besoin de prendre du recul vis à vis de toutes ces décisions qui m’avaient mené, au terme de ces 23 premières années de vie, à ce moment que je considère aujourd’hui comme charnière dans cette existence.
Un matin, j’ai décidé de partir, de casser mes codes et routines, de m’engager dans un voyage sans direction ni durée préétablie, de me laisser porter par les rencontres et coïncidences. Guidé par l’intuition et le ressenti, j’emboîte le pas en stop, un sac avec quelques affaires sur le dos et une petite guitare pour rester connecté à cette grande passion qu’est la musique.
Après six mois, une centaine de voitures, une dizaine de camions et deux voiliers-stop, j’accoste sur les côtes du Nord-Est Brésilien.
S’ensuit un voyage au gré des gens, dans lequel je saute d’environnement en environnement, de contexte en contexte, ou chaque jour diffère fondamentalement du précédent. Je me laisse guider pendant deux ans et demi, porté jusque dans cette petite communauté d’une trentaine de personnes située dans la nature de la pré-cordillère des Andes du sud Chilien. Un soir, lors d’un de ces moments d’introspection que nous procure le feu de camp au milieu de la plaine, je perçus un son profondément touchant venir de la pénombre des alentours. Quelques instants plus tard, je discerne Juan, un ami rencontré dans la communauté, sortir de l’obscurité, un instrument surprenant à la main. C’était une flûte native amérindienne triple. Cet instant, le son généré par l’instrument restera figé dans mon esprit, comme si le temps s’était arrêté, comme si rien d’autre n’avait existé.
Je me rappelle toujours de ce moment avec beaucoup d’émotion, et aujourd’hui je le considère comme l’un des éléments déclencheur de cet attrait que j’ai pour la musique intuitive, la sonothérapie et les instruments du monde.